(Chapitre 6: La vie en communauté)
0. La vie en communauté : L’éducation
L’Eglise-communauté apprend aux jeunes comme aux aînés à suivre le Christ. Une véritable éducation consiste à éveiller l’âme, à stimuler la vie intérieure, afin que la personne tout entière s’unisse au Christ et à sa cause. Tous les membres doivent apprendre à travailler consciencieusement, avec intelligence et esprit, en donnant la pleine mesure de leurs capacités. Si nous aimons le Christ, nous nous intéresserons à l’œuvre de Dieu à travers l’histoire. Nous nous sentirons concernés par les mouvements sociaux, politiques et culturels de notre temps.
C’est dans ce cadre que prend place l’éducation des enfants et des jeunes. Il ne convient pas que les enfants soient façonnés pour se conformer aux désirs ou aux ambitions de leurs parents ou d’autres personnes. Chaque enfant est une pensée de Dieu. Eduquer, c’est entretenir l’étincelle divine innée en chaque enfant, et l’aider à devenir la personne que Dieu a voulue.
Les Dix commandements et le Nouveau Testament déclarent avec raison : « Honore ton père et ta mère… afin que tu sois heureux ». La bonne santé affective et spirituelle des enfants commence par la relation qu’ils entretiennent avec leurs parents. C’est d’abord aux parents, et non pas à une école ou à une communauté, que revient l’autorité et la responsabilité d’éduquer leurs enfants. Une personnalité solide se fonde sur l’obéissance et le respect envers ses parents et les autres adultes.
Dans l’éducation des enfants, il faut éviter tant la permissivité et la complaisance que le moralisme et le légalisme. Parents et enseignants seront pour les enfants des guides qui les conduiront sur le chemin de leur vie d’adultes. Celui qui cherche à contraindre ou à exercer un pouvoir sur l’âme d’un enfant commet un grave péché. Tout châtiment corporel est proscrit.
Quand c’est possible, nos communautés possèdent leurs propres garderies et écoles. Les écoles du Bruderhof veillent à ce que chaque enfant bénéficie d’une enfance heureuse et constructive, et à l’éduquer avec toute sa personnalité. Son éducation comprend une instruction scolaire rigoureuse ; des compétences manuelles et techniques ; le chant et les arts ; le jeu spontané et le sport ; la découverte de la nature. On étudie aussi l’histoire et la littérature en faisant ressortir les liens qui unissent époques et cultures.
Nos écoles mettent l’accent sur le respect, l’autodiscipline, et une solide éthique du travail. Mais le plus important, c’est que les enfants développent leur aptitude à aimer, en prenant soin des autres et en se mettant à leur service.
Comme les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ont des qualités qui leur sont propres. Tout comme les autres sociétés humaines, une Eglise-communauté a besoin de cette exubérance juvénile qui peut déranger. Elle l’accueillera avec bienveillance pour garder une certaine souplesse et rester vivante. Nous ne devrions jamais forcer des jeunes à adopter un comportement d’adultes. Il est préférable de les aider à canaliser leur enthousiasme de manière constructive. Nous devons leur permettre de se forger leurs propres convictions et, à condition qu’ils restent sincères et respectueux, d’exprimer ce qu’ils pensent, même si cela nous paraît gênant ou étrange.
Après l’école secondaire, beaucoup de nos jeunes poursuivent des études universitaires ou un apprentissage (bien que l’Eglise-communauté ne soit pas tenue de leur garantir ces études). D’autres trouvent des opportunités pour un volontariat, ou pour acquérir des compétences pratiques sur un lieu de travail.
Quand des jeunes ayant grandi dans nos communautés choisissent une autre manière de vivre, l’Eglise-communauté leur vient en aide, au cas par cas, pour qu’ils puissent s’installer. Nous nous réjouissons de garder contact avec ces jeunes, pourvu que ce soit dans le respect mutuel. Qu’ils restent ou qu’ils partent, nous prions pour qu’ils discernent la volonté de Dieu dans une vie au service des autres.